La question de savoir si une tasse de café rend l’endormissement difficile ou si le plaisir de boire du café prédispose au sommeil, fait l’objet de débats animés lors des réunions.
La question de savoir si une tasse de café rend l’endormissement difficile ou si le plaisir de boire du café prédispose au sommeil, fait l’objet de débats animés lors des réunions.
La caféine, principalement sous forme de boissons énergisantes comme le café, le thé ou les boissons contenant de la caféine, est régulièrement consommée par une grande partie de la population. C’est le stimulant central le plus fréquemment utilisé dans le monde entier. Une multitude d’effets positifs ont été attribués à la caféine. Les effets énergisants, comme l’augmentation de la vigilance et l’amélioration de la capacité à se concentrer, suscitent une attention particulière. Cet effet est lié à l’inhibition compétitive des récepteurs à l’adénosine dans le système nerveux central (SNC). Lorsque l’adénosine se fixe sur un récepteur, un signal inhibiteur est envoyé aux cellules. La caféine remplace le modulateur chimiquement similaire qu’est l’adénosine sur le récepteur, sans entrainer ce signal inhibiteur, de sortes que les cellules restent activées.
Après avoir bu seulement une ou deux tasses de café, certains disent avoir des difficultés à s’endormir. Pour d’autres, en particulier les personnes âgées, c’est au contraire la meilleure façon de s’endormir ! Quelle vérité découle de cette observation ? La teneur en caféine dans un café est très variable ; il est donc intéressant de se demander si l’effet observé peut être attribué à la substance active qu’est la caféine.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a statué qu’une dose unique de 100 mg de caféine, correspondant à environ 1,4 mg/kg de poids corporel pour un adulte de 70 kg, augmente la latence du sommeil et peut en réduire la durée si elle est prise peu de temps avant le coucher [1].
Cependant, des études ont montré que les effets de la caféine sur l’éveil sont surestimés. Une étude menée sur des sportives a montré que la prise de 6 mg/kg de poids corporel correspondant à 420 mg de caféine, avant le coucher, retardait effectivement l’endormissement de quelques minutes, mais ne pouvait l’empêcher. Le lendemain matin, les sportives ayant pris de la caféine avaient dormi aussi bien que celles du bras placebo.
L’étude « Jackson Heart Sleep Study » menée sur 785 sujets a montré que la consommation de boissons contenant de la caféine le soir n’avait pas d’effets sur les paramètres du sommeil. En revanche, la consommation d’alcool et de nicotine le soir était associée à un sommeil moins efficace [3].
Deux études dans lesquelles l’ibuprofène était associé à 100 mg de caféine n’ont montré pratiquement aucun effet sur la qualité du sommeil des participants de ces études.
L’étude publiée dans le « European Journal of Pain » a évalué l’effet antalgique de l’ibuprofène comparé à celui de l’association de 400 mg d’ibuprofène et 100 mg de caféine trois fois par jour pendant cinq jours. Environ 70% des patients des deux groupes ont évalué la tolérance comme « très bonne » ou « excellente ». Les événements indésirables étaient rares et généralement légers ou modérés dans tous les groupes de traitement. 282 patients ont reçu l’association fixe d’ibuprofène et de caféine, et moins de 5% ont rapporté des troubles du sommeil [4]. Dans la deuxième étude publiée dans la revue « Journal of Pain Research », 256 sujets ont également reçu une association fixe de 400 mg d’ibuprofène et 100 mg de caféine trois fois par jour. Seulement 2 participants (0,8%) ont rapporté des troubles du sommeil, soit exactement autant que dans le groupe placebo [2].
Si, lorsqu’ils demandent conseil à la pharmacie, les patients s’inquiètent quant à d’éventuelles difficultés d’endormissement liées à la prise d’un antalgique contenant de la caféine, ils peuvent être rassurés. Sur les 538 sujets des deux études mentionnées ci-dessus qui ont reçu une association fixe de 400 mg d’ibuprofène et 100 mg de caféine, moins d’un sur 50 a eu des problèmes de sommeil attribuables au traitement.
Si la qualité du sommeil est réduite suite à la consommation de café ou de boissons contenant de la caféine, cela pourrait aussi être causé par l’un des nombreux autres ingrédients.
Conflit d’intérêts : T. Weiser est employé chez Sanofi.
Divulgations : Rédaction médicale et publication financées par Sanofi Aventis Deutschland GmbH.